« Quand Carine rencontre Grégory »

(et inversement (car oui, chose exceptionnelle, nous nous sommes rencontrés le même jour (si c’est pas un signe, ça !!)))

En l’an de grâce 2005, nous menions chacun notre chemin, recherchant vainement le bonheur et celui qui devait faire battre notre cœur. Ce fut par une belle soirée de juillet que nos routes se sont enfin croisées. Tout simplement, comme une évidence, la Saint Victor nous a porté chance.

Une petite soirée entre amis s’annonçait donc au 7e étage (un présage ?) d’un immeuble villeurbannais. Dame Eliska, ressentant l’appel de son pays natal (la République Bulgare de Tchécoslovénie), décida d’organiser une « crémaillère de départ ».

Elle convia donc quelques éminents membres de la joyeuse troupe des Choraleurs de l’INSA de Lyon mais Carine ne reçut pas la sacro-sainte invitation. Stress, panique, sueurs froides, tremblements … Allait-elle donc passer à côté de la soirée la plus importante de sa vie ? Heureusement, l’affront fut lavé par Gilles, maître chanteur et accessoirement compagnon de Dame Eliska (rumeur confirmée par Voici et Jeune et Jolie) et l’invitation fut lancée.

Pendant ce temps, ignorant tout du drame évité, le petit Grégory pataugeait joyeusement et innocemment dans la Méditerranée. Pour cause de risque de noyade élevé, il fut contraint de regagner son domicile lyonnais, les oreilles encore pleines de sable et de crustacés. A peine rentré, il apprît par le biais du journal télévisé qu’une soirée devait avoir lieu ce soir-là au 85 cours Emile Zola.
En la qualité d’ami ancestral de Gilles, sa présence (Rhône-Alpes) était indispensable ou à défaut tolérée. Impatient et surexcité à l’idée de festoyer, il analysa longuement le programme télé, discuta pendant 6h22 avec sa sœur (un record !), compta ses doigts de pieds, repeint son appartement et celui des voisins et enfin, se décida à aller au lieu de la réception.

Il faisait déjà nuit depuis deux jours environ.
Mais, Grégory, n’écoutant que son courage et le bruit de la machine à laver, enfila ses plus belles chaussures et s’aventura dans la nuit noire et inquiétante. Il marcha à tâtons pendant des heures qui lui parurent justement des heures, fit plusieurs fois le tour du pâté de maison à cloche-pied (pas facile quand il n’y a que des immeubles !), se perdit dans la forêt enchantée, demanda poliment sa direction à une grand-mère déguisée en loup et finalement parvint à bout de force au lieu de la soirée pile à l’heure comme d’habitude une heure et demie plus tard.

Il appuya alors d’un doigt vif et alerte sur le bouton de l’interphone qui hurla de douleur et se plaignit à sa locataire.

Dans l’appartement, 50 mètres plus haut, c’était l’interrogation.

Qui cela pouvait-il bien être ?

Le livreur de pizza, les témoins de Jéhovah, l’agence tout risque ???

Carine, peu curieuse de nature, se précipita sur le balcon. Entraînée par son élan, elle bascula par-dessus la rambarde, tomba de 3 étages, se rattrapa grâce à un moineau très cordial qui passait par là, s’agrippa à la gouttière et se hissa de manière fort gracieuse sur le balcon. Elle découvrit alors avec ravissement, tout en bas, qu’il s’agissait de… quelqu’un !!!

Le quelqu’un en question était déjà en pleine ascension de l’édifice. 1, 2, 3 étages déjà ! Plus que 4 … De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front d’athlète. Il arriva finalement tout en haut et sortit épuisé de l’ascenseur. Il pénétra alors timidement dans l’appartement et commença la visite détaillée des lieux. Il finit par le balcon et découvrit émerveillé, se tenant face à lui, une magnifique plante verte ! Une fois l’émerveillement légèrement dissipé, il remarqua d’autres personnes enracinées à cet endroit et notamment l’une d’elles qui lui sembla si différente…
Il se rendit compte, apeuré, qu’il s’agissait en fait d’une fille. Aaaaaaaaaaaaaah !!! Il osa néanmoins lui faire la bise, le cœur battant à tout rompre. Carine, car, oh surprise, c’était bien elle, était également perturbée car elle ne le connaissait pas. C’était d’ailleurs la première fois qu’elle rencontrait quelqu’un qu’elle ne connaissait pas !

Nos deux courageux protagonistes n’étaient pas prêts à se laisser démonter de la sorte. Ils firent donc comme si de rien n’était et passèrent une joyeuse soirée. Mais la pression était trop forte. Il fallait absolument en savoir plus sur cet autre si étrange qui, curieusement, se rapprochait de plus en plus. La conversation fut alors engagée autour de sujets d’une banalité déconcertante comme les champignons géants envahisseurs ou la couleur des M&M’s (les bleus, c'est les meilleurs !!). Mais une question trottait toujours dans la tête de chacun :

Elle : « Pourquoi me regarde-t-il avec ses yeux ? »

Lui : « Pourquoi a-t-elle une tache sur son pull ? »

Bref, le courant fut immédiat entre ces deux-là et lorsqu’arriva l’heure de se séparer, au terme d’une folle course poursuite dans les escaliers qui se termina par deux grosses bosses, chacun ressentit un goût d’inachevé et de pizza froide. Grégory balbutia un « A bientôt, j’espère » rempli d’espoir auquel Carine répondit par un « m-m-moi auss-ssi » assuré.

Allaient-ils en rester là ?

Allaient-ils se revoir ?

Peut-être …

Mais cela est une autre histoire !